Dynamiser l'avenir de l'exploitation minière

DANS UN SECTEUR sous pression pour réduire les émissions, Capital Limited et Epiroc ont accéléré le développement d’un engin de forage de surface électrique à batterie bien avant la demande du marché. Leur partenariat sur le démonstrateur SmartROC D65 BE montre comment une vision et un sentiment d'urgence partagés permettent de surmonter les défis techniques et logistiques. En pénétrant ensemble dans un territoire inconnu, ils font avancer la conception des équipements et définissent la manière dont les entreprises d’extraction minière seront en mesure de passer à des opérations à faibles émissions à l’échelle mondiale. Tony Woolfe, Directeur général, Actifs et chaîne d'approvisionnement chez Capital Limited, et Carl Lager, Responsable grands comptes chez Epiroc, expliquent comment est née cette collaboration et comment elle définit la suite des événements.

Comment cette collaboration est-elle née ?
Tony Woolfe : « Nous utilisons des équipements Epiroc depuis longtemps et nous sommes très conscients que l’électrification représente l’avenir. Au lieu d’attendre, nous avons demandé : « Qu’est-ce qui se trouve sur votre feuille de route ? Quelle est la prochaine étape ? Et comment pouvons-nous vous aider à aller de l’avant ? » C’est ce qui a conduit à cette collaboration. »

Carl Lager : « Capital Limited n’a pas attendu que nous développions un produit fini, ils nous ont poussés à aller plus vite. Ils ont vu quelle direction nous prenions et ont voulu participer au développement, et ne pas être uniquement l’utilisateur final. Cela a fait une énorme différence. »

 

TW : « La durabilité en faisait partie intégrante. Le capital se dirige vers la réduction des émissions, et nous avons vu qu’Epiroc partageait cet objectif – non seulement en fabriquant des engins de forage électriques, mais aussi en s’engageant à apporter un réel changement. »

Quels ont été les plus grands défis ?
CL : « Le plus grand défi réside dans les limites de la technologie actuelle des batteries. Un engin de forage de cette taille ne peut pas dépendre uniquement des batteries actuelles, car il nécessiterait une charge horaire. Un réseau électrique fiable est de ce fait essentiel : cependant, de nombreuses mines ne sont pas encore équipées pour en fournir un. »

TW  : « Nous avons dû convaincre les membres de l'équipe. Au départ, le scepticisme régnait : des questions se posaient sur les défis opérationnels, l’alimentation électrique et si les mines étaient prêtes pour un engin de forage électrique à batterie. Même au sein d’Epiroc, certains doutaient que l'on puisse accélérer le planning. »

 

Comment avez-vous géré la charge ?
TW : « Au départ, le fonctionnement d’un groupe électrogène diesel semblait contre-intuitif, d’autant plus que nous avions d’abord exploré la possibilité de raccorder le réseau du parc solaire sur site à la fosse. Cependant, il n’était pas possible d’installer une grille pour un seul test de machine, c’est pourquoi nous avons finalement décidé de nous concentrer sur la préparation et le test d’une machine de forage électrique. Nous avons constaté que l’infrastructure de réseau pour les opérations à long terme pouvait constituer la deuxième phase. Ce test vise à prouver la préparation du forage, même si cela implique d’utiliser un alternateur tout en développant des options plus durables. »

 

CL : Nous avons également envisagé d’utiliser des carburants alternatifs, mais ils ont manqué de puissance, ou alors étaient trop chers pour être viables à l'heure actuelle. Passer à un engin de forage électrique planétaire semblait être la meilleure décision, même si cela impliquait de s’appuyer sur un groupe électrogène diesel pour commencer. Cette approche permet à Capital Limited et à ses clients d’explorer l’utilisation de la future source d’énergie verte qui leur convient. »

 

Comment avez-vous pu avancer si vite ?
CL: « Plutôt que de concevoir un engin de forage électrique à batterie de A à Z, nous avons modernisé notre SmartROC D65 éprouvé, que Capital Limited connaît déjà et auquel elle fait confiance. Cette approche nous a non seulement permis de livrer rapidement un prototype opérationnel, mais nous a également permis de nous concentrer entièrement sur le groupe de puissance, car le reste de la machine était déjà fiable et bien testé. »

TW : « Nous n’étions pas passifs : nous nous sommes efforcés d'aller plus vite. Alors qu’Epiroc n’était pas sûr de la disponibilité sur le marché du forage de surface électrique à batterie à cette échelle et de la manière dont il serait alimenté, nous nous sommes impliqués très tôt, en fournissant un feed-back et en résolvant les défis opérationnels. »

Comment cela a-t-il changé votre façon de travailler ensemble ?
CL : « Capital Limited nous a rejoints en Suède et à Vancouver, a rencontré l’équipe, a examiné le châssis au cours de sa conception et a participé dans la prise de décisions finales. Ce niveau de collaboration a accéléré le développement d’une manière inattendue. Je suis certain que cela va se poursuivre. »

TW : « Les gens plaisantent en disant que je suis à cent pour cent pour Epiroc, et ils ont raison – parce que nous faisons confiance à leur équipement, à leur équipe et à leur engagement. C’est ce qui rend ce partenariat efficace. »

 

Où en est l’engin de forage maintenant ?
CL : « Nous travaillons sur quelques petits problèmes et effectuons des tests finaux en Colombie-Britannique, avant de passer à l’essai sur le terrain de Capital Limited à la mine de Sukari en Égypte. »

 

TW : « Nous avons choisi Sukari parce que nous disposons d’une équipe technique solide et d’une excellente relation et collaboration avec notre client, AngloGold Ashanti. De plus, il s’agit de l’un des rares sites d’extraction minière à disposer d’un grand parc solaire opérationnel sur site, ce qui sera important à long terme pour en faire un engin de forage véritablement sans émissions. »

Qu'est-ce qui va suivre ?
TW : Une fois que l’engin de forage fonctionnera à Sukari, nous appliquerons ce que nous avons appris aux futurs déploiements. L’objectif n’est pas seulement un forage électrique : il s’agit d’intégrer la technologie électrique à batterie dans toutes nos opérations et de contribuer activement à faire avancer l’industrie. »

CL : « Epiroc s’engage à étendre ses offres de batteries électriques. D’ici 2030, nous visons à disposer d’une gamme complète d’équipements de surface sans émissions. Des collaborations comme celle-ci nous permettent d'y parvenir. »

 

TW : « Bien sûr, l’innovation a un prix. Les premiers devis pour l’infrastructure électrique se chiffraient en millions. C’est une vente difficile pour toute entreprise. Nous savions toutefois que nous nous démarquerions à long terme en intervenant tôt, et nous comprenions que l’obstacle actuel pour nos fournisseurs était le manque de stratégie d’infrastructure. Ainsi, nous n’avons pas abordé Epiroc en lui demandant un produit fini. Nous avons plutôt misé sur une approche de conception participative. Faisons avancer les choses. Ce projet prouvera que les engins de forage électriques à batterie fonctionnent dans des conditions réelles, et c’est la première étape vers une adoption plus large. »